SOYONS SERIEUX 5 MINUTES !!!
Des arguments scientifiques qui vont dans le sens de
la Suprématie Féminine…
Messieurs les machos, accrochez-vous !!!
Elle vole comme un papillon et pique comme une abeille.
Elle s'appelle Laila Ali. Elle est la fille du mythique
Mohammed Ali. Elle a 21 ans et vient de remporter son quatrième
match de boxe féminine. L'une de ses particularités
: une agressivité hors pair qui lui permet d'éliminer
ses adversaires au premier round, parfois par K.O.
Que ce soit sur un ring, sur un terrain de football
ou en athlétisme, des femmes rejoignent les hommes
sur un territoire qu'ils se réservaient. Et, au grand
étonnement de tous, elles pulvérisent d'année
en année leurs propres records, se rapprochant de
ceux de leurs homologues masculins.
Déjà, dans certaines disciplines comme
le tennis, l'athlétisme, la natation, le cyclisme,
des femmes ont amélioré les records détenus
hier par les plus grands champions. Exemple connu, Jeannie
Longo qui, à Mexico en 1989, avec ses 46,352 kilomètres
parcourus en une heure, fit mieux que Fausto Coppi en 1942
et mieux que Jacques Anquetil en 1956.
« Aujourd'hui, des champions médaillés
d'or dans les années 70 devraient sacrément
s'accrocher pour se faire une place sur un podium féminin
», souligne Gérard Porte, médecin du
sport à la Clinique du sport, à Paris, et
médecin du Tour de France. Il arrive même que
des femmes battent des hommes lorsqu'elles se mesurent à
eux dans des conditions similaires. Angela Bandini, une
plongeuse italienne, a atteint en apnée la profondeur
de cent sept mètres, déboulonnant le record
de Jacques Mayol, le héros du «Grand Bleu».
Sur l'eau, Florence Arthaud a dépassé une
flopée d'hommes pour remporter la Route du Rhum.
Quant à la jeune Peggy Bouchet, elle a démontré
que la persévérance et l'endurance sont également
des qualités féminines puisqu’à 21
ans, elle a traversé deux fois l'Atlantique à
la rame, quelques années seulement après l'unique
traversée de Gérard d'Abboville.
En tennis - le premier sport professionnel féminin
-, les performances féminines ont tellement évolué
que les finales des tournois du Grand Chelem passionnent
les foules et battent des records d'audience sur les finales
des hommes. A tel point que l'une des sœurs Williams, Serena,
ayant affirmé qu'elle pouvait battre les hommes,
a demandé de participer à un tournoi ATP réservé
aux tennismen.
Rejoindre les hommes
Alors, plus performantes, les femmes ? Oui, si l'on
regarde la courbe d'évolution des records sportifs.
le taux d'amélioration des performances féminines
augmente deux fois plus vite que celui des hommes. Et, alors
que l'écart entre leurs performances était
énorme au début du siècle, il s'amenuise
pour les placer aujourd'hui juste en dessous de celles de
ces messieurs.
Elles progressent tellement rapidement qu'en 1992, des
physiologistes californiens avaient estimé qu'à
l'aube de l'an 2000, les femmes auraient rattrapé
les hommes au marathon. Mais, à moins d'un miracle
aux J.O. de Sydney, quatorze minutes séparent encore
le champion de la championne dans ce type de course. «
Il ne faut pas oublier que pendant que les femmes améliorent
leurs performances, les hommes continuent aussi d'évoluer
», souligne Eric Jousselin, chef du département
médecine et sport à l'INSEP...
Certains affirment que, dans l'avenir, les femmes pourront
battre les hommes. Mais il faudra une trentaine d'années.
Des différences de taille
Il semble que cette fulgurante progression de nos performances
soit cependant limitée. Et la raison est essentielle
: nous sommes physiologiquement différentes. Nous
mesurons, en moyenne, dix centimètres de moins qu'eux.
Nos épaules sont plus étroites, notre bassin
plus large et nos membres inférieurs ne se ressemblent
pas. On dit de notre morphologie qu'elle est gynoïde,
c'est-à-dire de la forme d'un triangle. Chez les
hommes, on évoque une anthropologie androgyne : ils
ont la forme d'un triangle aussi, mais cette fois à
l'envers. « A ce stade, ces différences ne démontrent
pas une supériorité physique de l'homme sur
la femme, précise Eric Jousselin, mais plutôt
que la force de l'un et de l'autre est répartie différemment.
»
Au rayon physiologie s'ajoute une autre réalité
: elle est hormonale. « Jusqu'à la puberté,
une jeune fille peut se mesurer à un garçon
et le battre à la course, explique Georges Cazorla,
maître de conférence au Laboratoire Evaluation,
Sport, Santé à la faculté des sciences
du sport de l'université de Bordeaux 2. Après,
elle est désavantagée. »
Alors que les hommes produisent de la testostérone
qui va développer leurs tissus musculaires, les adolescentes,
elles, fabriquent des œstrogènes, qui les préparent
à leur rôle de future mère. Or, on le
sait, les œstrogènes sont responsables de l'augmentation
du tissu adipeux, en particulier au niveau des seins, des
hanches et des cuisses. Bref, les hommes prennent du muscle
pendant que nous fixons les lipides, c'est-à-dire
le gras. Chez l'adulte jeune et en bonne santé, le
taux de graisse chez la femme est en moyenne supérieur
à 20% de la masse totale, chez l'homme elle n'est
que de 13%. En regardant une Marie-Jo Pérec, on se
dit qu'on peut perdre du gras et amenuiser l'écart.
« C'est vrai, souligne Georges Cazorla, qui estime
que chez les championnes, le taux de graisse peut descendre
en dessous de 16%. Mais pas plus car elles risquent de perturber
leurs cycles, ce qui débouche sur ce que les médecins
appellent l'aménorrhée, c'est-à-dire
l'absence de règles » .
Un avantage à l'endurance
Reste que cette masse graisseuse nous empêche
de briller autant qu'un homme dès qu'il s'agit de
vitesse et de détente. Ils n'ont pas plus de muscles
que nous mais les leurs sont plus gros ou plus longs. Prenez
le petit tendon d'Achille, si important dans la détente
élastique de la course. Eh bien, il est plus court
chez nous. Au handicap biologique de l'importance de graisse
par rapport au muscle s'ajoute une différence fondamentale
: la capacité maximale de consommer de l'oxygène.
Elle s'avère plus élevée chez l'homme.
« Chacun a une cylindrée dans son moteur
que l'on fait fonctionner plus ou moins longtemps, estime
George Cazorla. Celle des hommes dispose d'une puissance
aérobie plus élevée; c'est-à-dire
une capacité plus grande d'utiliser l'oxygène
en quantité importante ». Elle est de 50 ml
par minute et par kilo chez l'homme, et de 40 ml/min/kg;
pour la femme. Le rapport chez un sportif atteint 90 ml/min/kg
et 78 chez la sportive. A cela s'ajoute que notre débit
cardiaque et notre volume sanguin sont moindres. Qu'à
volume sanguin égal, nous avons 10% d'hémoglobine
en moins. Et qui dit sang en moins, dit transport d'oxygène
moindre.
En revanche, nos handicaps se transforment en avantages
dès que l'on aborde les épreuves extrêmes
de natation au long cours (non olympique), genre traversée
de la Manche ou, mieux, Alaska-Russie, où les femmes
ont le dessus. Dans un tel contexte, qui ne se rencontre
pas tous les jours, les lipides nous isolent mieux et nous
aident à flotter, en plus de la source d'énergie
que procurent les tissus gras. Cela signifie-t-il que sur
des épreuves au long cours les femmes tiennent mieux
la distance puisqu'elles économisent les sucres en
brûlant les acides gras ?
«Pas vraiment, explique Georges Cazorla, car sur
un marathon la part des graisses utilisées est tout
à fait infime». Pourtant, une étude sud-africaine
parue en 1996 dans la revue «Nature» s'est intéressée
à des coureurs des deux sexes ayant réalisé
les mêmes temps au marathon: ils ont constaté
que, sur une distance de quatre- vingt-dix kilomètres,
les femmes devançaient les hommes.
Aussi résistantes que
les hommes
« On a longtemps pensé que les femmes étaient
moins robustes, explique Eric Jousselin. C'est pour cette
raison que, jusqu'à la fin des années 70,
l'entraînement des femmes - pour une même épreuve
- était moins intense que celui de leurs homologues
masculins et que de nombreuses disciplines olympiques leur
étaient interdites ».
D'ailleurs, on se souviendra que notre prof d'EPS à
l'école nous en demandait beaucoup moins qu'aux garçons.
On nous considérait comme plus fragiles et moins
résistantes.
« Tout cela était fondé sur des a
priori culturels et non sur l'observation », souligne
Eric Jousselin. Dès les années 80, les coachs
prennent conscience qu'elles sont capables d'encaisser les
mêmes entraînements. Depuis, la plupart des
sportives s'échauffent et s'entraînent avec
les hommes.
Parfois, elles en font beaucoup plus. « Comme nous
n'avons pas la même puissance énergétique,
si des femmes atteignent des temps identiques ou meilleurs
que les hommes, elles le doivent à un entraînement
et à un travail plus durs qu'eux », rappelle
Georges Cazorla.
Il n'y a pas que le muscle
!
Si, dans les courses, les femmes sont désavantagées
car c'est surtout la puissance qui prévaut, d'autres
disciplines donnent une part importante à une autre
force, celle du mental. Et là, on est loin d’être
à la traîne. En voile et équitation
il n’existe presque plus aucune différence entre
les performances des hommes et des femmes. « La résistance,
la motivation, la pugnacité, la précision
sont des qualités éminemment féminines
», reconnaît le Dr Guy Azémard, médecin
à la Fédération française d'escrime.
On le reconnaît sans balancer lorsqu'on regarde les
combats de la championne française d'escrime Laura
Fleyssel. Et toutes ces qualités font partie, parfois
au même titre que le muscle, des performances.
« Leurs qualités mentales - combativité,
courage et motivation - et leur souplesse physique supérieure
à celles des hommes apportent à leur jeu une
force étonnante », souligne Pascale Soncourt,
entraîneur de l'équipe de France féminine
de boxe savate.
Nos performances propres
« Finalement, on reconnaît aujourd'hui la
qualité des performances féminines pour ce
qu'elles sont et non pour ce qu'elles devraient être
en comparaison de celles des hommes », souligne Gérard
Porte. C'est pour cette raison que leur corps et la représentation
qu'on s'en fait a changé. En mieux. D'abord, parce
qu'entre une championne et une femme « sédentaire
» le fossé s'est réduit, car de plus
en plus de femmes se mettent à faire du sport. Ensuite,
le muscle n'est plus considéré comme exclusivement
masculin.
Enfin, si les athlètes sont de plus en plus performantes
et puissantes, elles n'ont jamais été aussi
féminines. Les femmes n'ont plus besoin de se viriliser
pour être crédibles.