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SERENA
En ces temps du début de l’ère chrétienne, la vie se déroulait à un autre rythme. Le ciel était pur, exempt de pollution. Les rapports de l’Humanité à la Nature se concevaient de façon plus primaire et directe. Dans la petite île de Donella, perdue dans l’immensité bleue et pure de la Méditerranée, le soleil venait de se lever, et la tiédeur de l’air de cette matinée permettait de penser que la journée allait encore être chaude. Serena se réveilla doucement, s’étira, et vint se lover contre le corps de Donatien. Elle sourit en elle-même en reconnaissant l’odeur de son compagnon, le grain de sa peau, les courbes de son corps. Sa main caressa le dos, les épaules, les fesses de l’homme encore endormi qui remua un peu. Serena le regardait s’éveiller, en se soulevant sur un coude pour mieux voir son visage, tout en continuant à caresser le corps vigoureux de l’homme. Sa main s’égarait maintenant sur le ventre, sur les cuisses, puis vint saisir le membre viril flasque qui, sous la caresse, se redressa petit à petit comme un dormeur sortant de sa torpeur. Cela faisait trois nuits que Donatien couchait auprès de Serena. Auparavant, c’était Hadrien qui bénéficiait de ce privilège.

Dans cette petite île romaine, loin de tout, et depuis des temps ancestraux, la coutume voulait que les femmes choisissent, parmi les hommes qui leur appartenaient, celui qui serait l’élu du moment. Serena avait trois esclaves à son entière disposition.

Donatien était certainement le plus beau de tous : grand, athlétique, musclé, elle aimait ce corps à la plastique pure, ces cheveux bruns bouclés, ces yeux clairs couleur de la mer.

Hadrien avait d’autres atouts : plus petit et râblé, il était vif et endurant.

Le troisième de ses sujets, Maxime, était un noir capturé en Nubie, dans le sud de l’Egypte. C’était le seul noir de l’île et Serena savait qu’elle suscitait bien des jalousies auprès des autres femmes de la communauté. Serena entendait du bruit dans l’office. Hadrien et Maxime avaient commencé à préparer le repas du matin, mais elle se sentait bien, allongée et détendue, et n’était pas pressée de se lever. La porte s’ouvrit brutalement et Helena entra.

- Maman, tu es réveillée ?

- Entre ma chérie.

Helena avait treize ans, l’âge de la majorité pour les filles de l’île. Mais malgré cela, elle adorait rejoindre sa mère le matin, dans son lit, pour profiter de ces quelques instants privilégiés qui précèdent la mise en route de l’activité quotidienne. Grande, ses longs cheveux bruns raides et soyeux encadrant un visage à l’ovale parfait la faisait ressembler, de façon frappante, à sa mère. Ses yeux d’un vert profond n’étaient plus ceux de la petite fille, mais gardaient de l’enfance une certaine insouciance rieuse.

En l’entendant, Donatien se leva précipitamment et sortit de la chambre, sans qu’il soit besoin de lui dire quoi que ce soit, pour laisser la place à la jeune fille, laquelle ne lui adressa pas le moindre regard, parfaitement ignorante de la présence de l’homme. Il n’était évidemment pas question qu’il reste un instant de plus à partager ce moment d’intimité et, son rôle nocturne étant terminé, il alla rejoindre ses compagnons à l’office.

Helena contre sa poitrine, Serena continua à savourer ces moments de calme et de bonheur dans la douce torpeur matinale. Elle aimait sentir contre son corps la douce chaleur du corps de sa fille. Elle croyait reconnaître, dans l’odeur d’Helena, les parfums oubliés de sa propre enfance. Toutefois, Serena percevait que sa fille était préoccupée, et qu’elle brûlait de lui demander quelque chose. Aussi ne fut-elle pas surprise, et peut-être même fut-elle soulagée, de l’entendre poser sa première question.

- Dis-moi, Maman, est-ce que nous valons mieux que les garçons ?

Serena pensa qu’il lui fallait saisir cette perche tendue par sa fille pour, enfin, lui livrer des explications que son âge justifiait désormais complètement.

- Oh, ma chérie, tout ceci est une longue histoire...

- Explique-moi, s’il te plaît.

- Eh bien il y a des années, au moins cinquante ans, je n’étais pas née bien sûr, ni ta grand- mère d’ailleurs, Rome vivait sous la domination d’un empereur, Néron, un homme féroce, sanguinaire et tyrannique. A cette époque, de nombreuses femmes, refusant la violence du pouvoir absolu de ce dictateur ainsi que les guerres qu’il provoquait avec leur cortège de souffrances et de peurs, ont décidé de partir et de venir fonder une colonie loin du monde, dans cette île. Ton arrière-grand-mère faisait partie de cette centaine de femmes qui a fait le voyage. Cette île, jusque là inhabitée a été baptisée Donella. Mais l’empereur Néron, ne voulant pas laisser ce nouveau pays se développer, a envoyé ses troupes dans le but de ramener les rebelles à la raison. C’est là qu’un miracle se produisit. Alors que les navires romains approchaient de nos côtes, une tempête terrible se leva, et les galères furent détruites par le vent et les vagues. Nos aïeules remercièrent la Déesse Junon, et y virent le signe divin de notre avenir. C’est pourquoi notre pays est placé sous la protection de Junon, mère de tous les Dieux.

- Et les soldats sont tous morts noyés ? –

- Non, justement. Il se trouve qu’une trentaine d’entre eux furent recueillis sur la plage, à demi morts d’épuisement et de faim. Ils furent capturés, et réduits en esclavage. Ils ont permis d’effectuer tous les travaux et les constructions nécessaires au développement de Donella. Ils ont également servi à faire des enfants. Un gouvernement a été nommé, une Grande Prêtresse désignée à sa tête, et une constitution a été promulguée. Celle-ci, faite pour les femmes et par des femmes, donnait un statut différent aux deux sexes. Afin d’éviter toute nouvelle guerre, toute violence, elle subordonne l’homme à la femme. Mais, comme tu le vois, les mâles sont bien traités ici. Ils s’occupent du ménage, de la maison, nous rendent service. Mais ils appartiennent aux femmes qui ont le droit d’en posséder deux ou trois. Jamais un seul, ce qui risquerait de créer une dépendance. –

- C’est pour ça qu’à l’école, il n’y a que des filles ?

- Oui, ma chérie. Mais les garçons ont aussi des cours, mais spécifiques. Un peu plus rudes, c’est certain; mais il faut très vite contrer leur agressivité naturelle et affaiblir leur petit orgueil de mâle !

– Et Antonella, c’est quoi ?

- Ah, Antonella !… Eh bien, malheureusement, du temps de ma mère, un groupe de femmes extrémistes ont fait scission. Elles reprochaient aux habitantes de Donella d’être trop douces à l’égard de leurs esclaves, par exemple en refusant la castration systématique du mâle après la fonction de reproduction, et elles sont allées fonder une autre colonie à une journée de bateau d’ici, emmenant avec elles leurs esclaves, les pauvres, dont je n’envie pas le sort !

- Je pourrais y aller à Antonella?

- Non ma chérie, ce n’est pas un exemple. Nous avons réussi ici une société idéale, sans conflits, sans brutalité. C’est la féminité et la douceur qui ont gagné.

Helena ne semblait pas absolument convaincue. Serena se dit que ce serait terrible pour elle si elle n’arrivait pas à faire passer ce message sur la nécessité de douceur, symbole de Donella et garantie de l’harmonie de cette société. Helena n’insista pas et changea de sujet.

- Mais tes esclaves, ils sont les fils de femmes d’ici ?

- Oui, la plupart. Certains, comme Maxime, sont des prisonniers ramenés par nos exploratrices au cours d’expéditions lointaines. Il faut bien que nous sachions quelle est l’évolution du monde du dehors. Alors nous envoyons des corps expéditionnaires qui ramènent des épices, des tissus, enfin, toutes sortes de choses dont nous avons besoin, mais aussi des esclaves. Cela nous permet de renouveler aussi le capital génétique ! Les autres sont des fils d’ici. Comme tu le sais déjà, quand une femme donne naissance à un garçon, elle le confie au ministère de l’Education qui le forme dans le but de devenir un bon serviteur. Ils sont anonymes, mais tout est mis en oeuvre pour être certaines qu’on ne puisse pas se retrouver avec son propre fils comme esclave !

Serena caressait tendrement les cheveux de sa fille, apaisée, tranquille, goûtant le bonheur de ces instants privilégiés.

- Bon, j’ai assez parlé pour aujourd’hui. Viens, levons-nous. Il faut faire notre toilette.

Helena et sa mère, nues toutes les deux, passèrent dans la salle de bains. Serena regardait sa fille dont le corps se transformait déjà. De petits tétons apparaissaient et quelques poils pubiens venaient confirmer le déroulement de la puberté. Elle aura bientôt sa propre vie, ses propres esclaves pensa-t-elle. Serena n’avait que trente ans. Mais elle avait toujours son corps superbe, sculptural, et ses petits seins gardaient un aspect juvénile que lui enviaient ses amies et qui faisait le bonheur de ses amants. Malgré cela, elle ferait bientôt partie des Anciennes, car dès quarante ans, c’était la règle à Donella. Elle pourrait alors se consacrer à d’autres tâches, dans le gouvernement. Mais pour le moment, elle désirait avoir un autre enfant. Une fille bien sûr !.

Toutes deux plongèrent dans l’eau tiède du bain. C’est Maxime qui, chauffant sur le feu de grandes bassines d’eau, s’assurait de la bonne température. L’homme entra à ce moment-là, portant une cuvette fumante d’eau chaude, et entreprit de préparer les onguents et les parfums des deux femmes. Helena se détendait, fermant les yeux. Serena sourit en voyant le plaisir évident que prenait sa fille. Elle observait les mouvements de Maxime. Son grand corps d’ébène, les muscles saillants sous l’effort. L’homme ne portait qu’un cache-sexe en cuir et s’affairait en évitant soigneusement de regarder les femmes alanguies. Le désir augmentait dans le ventre de Serena. Il devenait de plus en plus évident qu’elle allait renvoyer Donatien dans le dortoir des hommes ce soir, afin de goûter de nouveau à cet esclave brun. Maxime s’approcha, sur l’ordre de Serena, afin de verser un peu d’eau chaude dans le bain. Il s’exécuta tandis que, avec un air délibérément mutin, elle cherchait à accrocher le regard de l’homme pour le troubler. Maxime, très déférent et discret, mais terriblement gêné par le jeu de sa maîtresse, semblait ne rien voir.

- Passe l’éponge sur ma jambe, minauda-t-elle en sortant son joli pied de l’eau.

Maxime s’empressa de répondre au désir de Serena et frotta doucement le mollet et le pied féminin. Serena croisa le regard d’Helena qui avait compris, amusée, le manège de sa mère. Maxime transpirait, et son membre, grossissant dans le slip, bombait le cuir d’une manière obscène. Serena rit et Helena, complice, fit mine d’être choquée et renvoya fermement l’homme à l’office.

- Je vois que tu sais déjà bien t’en tirer avec les esclaves, dit Serena en souriant. Je me disais que tu serais bientôt prête à en posséder un.

- Oh je serais ravie. Ce serait un beau cadeau pour mes quatorze ans. –

- Nous verrons, ma chérie, nous verrons. Nous en reparlerons.

Serena était contente d’avoir pu parler à sa fille de l’histoire de cette île dont elle était si fière. Elle n’avait pas trop voulu évoquer Antonella, l’île voisine, car elle avait appris, grâce à des femmes venues s’installer en demandant l’asile politique à Donella, que la situation n’était pas simple. Antonella connaissait un échec. Les hommes s’étaient révoltés à plusieurs reprises contre la mesure de castration systématique après copulation, et les représailles avaient été cruelles. Des femmes armées, organisées en groupes paramilitaires, avaient maté les révoltes des mâles dans le sang. Les châtiments avaient été terribles. On racontait que, pour terrifier les esclaves, on accrochait, dans les arbres, comme des cerises, les bijoux de famille des vaincus. Parfois, au détour d’un chemin, on trouvait des têtes d’homme coupées, leurs attributs enfoncés dans la bouche. Pour Serena, toutes ces scènes d’horreur, perpétrées par de véritables mégères, signifiaient que les harpies d’Antonella faisaient fausse-route. Ici, on avait tout de suite compris qu’il fallait en finir avec les valeurs dites mâles de la société, en bannissant la violence et en éduquant les hommes dans le respect et l’admiration de la Femme et de ses principes.

Tout homme savait déjà, confusément, qu’il avait beaucoup à apprendre de la Femme, et qu’elle lui était de loin supérieure. Bien expliqué, cette vérité s’imposait, et permettait aux représentants de la gent masculine d’accepter leur soumission et de la considérer comme naturelle, dans l’ordre des choses. C’est ainsi que, depuis plus de trois générations, les rôles étaient bien répartis. Les hommes, dominés, avec leur accord implicite, soumis aux femmes, occupaient des rôles subalternes, pénibles ou dévalorisants, qui ne pouvaient bien évidemment pas échoir à une femme. Serviteurs, ouvriers, cantonniers jardiniers, etc.

Les femmes, quant à elles, tenaient les postes clés de l’administration, de la santé et tous les rôles de décision, en particulier sur le plan politique. Mais cette domination ne s’accompagnait pas de sévices violents. La castration, par exemple, était une punition ultime et rare. L’harmonie, la paix, l’équilibre et le plaisir régnaient à Donella, à la différence d’Antonella.

A cette époque, les jeunes filles atteignant quinze ans prenaient deux esclaves après une phase de préparation d’une année où, sous la conduite d’une tutrice, elles apprenaient à les manier, à les commander et, d’une façon générale, à s’en servir. Les premières relations sexuelles avaient lieu dans cette quatorzième année, et elles se montraient toujours beaucoup plus dégourdies que le jeune puceau de dix huit ans qui connaissait, lui-aussi à ce moment-là, sa première expérience. Le pauvre garçon était affolé, pris de panique, suffoqué par la hardiesse inconnue de la jeune fille qui se servait de lui avec une adresse et une facilité qui lui donnait à penser qu’elle avait fait ça toute sa vie ! Il en ressortait souvent épuisé, parfois traumatisé, quelquefois humilié, toujours soumis. Et cela, systématiquement dans la douceur (qui n’excluait pas la fermeté parfois) et la tendresse féminine. Les filles connaissaient bien le corps de l’homme et apprenaient très tôt à utiliser, à leur avantage, les attributs mâles. Leurs mères le leur expliquaient dès leur douzième anniversaire, et leurs connaissances de l’anatomie masculine étaient parfaites. Il faut dire que la nudité était, en ces temps reculés, une normalité. 

Les femmes se vêtaient, pendant la journée, d’une simple toge plus ou moins longue, agrémentée de couleurs vives. Les drapés différents, l’arrangement des couleurs, le port de nombreux bijoux dépendaient du désir de chacune. Dans la maison, elles allaient souvent nuer, sans se soucier de l’effet que pouvait produire leurs corps exposés sur les mâles de la maison. Ces derniers étaient vêtus d’un uniforme obligatoire constitué d’une toge courte et blanche, ne descendant pas plus bas que le haut des cuisses, et d’un cache-sexe de cuir lacé. A l’intérieur de la maison, ils ne portaient que ce dernier élément vestimentaire, sauf désir particulier de la maîtresse des lieux. 

Après la toilette, Serena quitta sa fille pour se rendre à son travail. Elle se sentait toujours aussi détendue, et particulièrement libre aujourd’hui. Tous ses sens étaient en éveil. Les parfums légers du matin apportés par les fleurs du jardin, les odeurs de la terre séchant au soleil ses dernières gouttes de rosée, la caresse du soleil sur ses épaules nues, la tiédeur de l’air, la luminosité exceptionnelle de ce ciel de Méditerranée, tout l’enivrait et la rendait d’humeur joyeuse. Elle quitta sa maison, et se rendit à l’autre bout de la Cité où elle devait remplir sa mission. Elle était responsable du Service de l’Education et devait, ce matin, inspecter un centre d’éducation pour adolescents afin d’évaluer le travail effectué par des équipes de formatrices.

Les rues étaient pleines de gens. Femmes déambulant et flânant, discutant entre elles. Quelques-unes unes étaient accompagnées d’un ou deux hommes, marchant à trois pas derrière elles et chargés de sacs. En passant sur le forum, la grand place de la ville, elle aperçut un pilori où étaient exposés deux hommes, têtes et poignets pris dans la mâchoire de bois, debout, totalement nus. Un écriteau, suspendu au cou de l’un d’eux, indiquait qu’ils avaient été surpris ensemble en flagrant délit de sodomie. En dépassant le lieu de supplice, où quelques femmes lançaient quelques quolibets aux fautifs, elle remarqua leurs fesses charnues et rebondies. Serena aimait regarder les fesses des hommes dont elle appréciait, privilège de l’habitude et de l’expérience, la fermeté d’un seul regard.

Mais ces fesses-ci étaient zébrées de rouge, marquées de la punition qu’avaient reçu les coupables. Tout en reconnaissant la nécessité de ces sévices, Serena regretta qu’on soit obligé, à Donella, d’en passer par cette forme de violence. Elle se dit, pour être tout à fait honnête avec elle-même, que ces marques, sur l’épiderme des deux mâles, relevaient le spectacle de ces deux culs exposés d’une pointe d’érotisme bien agréable. Elle se surprit même à imaginer ces deux hommes embrochés l’un dans l’autre, s’agitant de façon grotesque pour se donner furtivement et honteusement du plaisir, et elle en fut toute émoustillée.

Elle chassa rapidement cette vision de son esprit, car elle arrivait maintenant à la Fontaine de Vénus qui était un lieu habituel de rassemblement. L’eau claire et fraîche venait directement d’un torrent de montagne. C’est ici que certaines femmes amenaient leurs hommes pour les baigner. Dans le bassin de la fontaine, emplie d’eau claire et froide, s’ébrouaient une dizaine d’hommes, plutôt frigorifiés, et arrosés par des femmes rieuses et enjouées. Ils sautaient dans tous les sens, sans doute pour se réchauffer, se heurtaient les uns aux autres, tombaient, se relevaient, buvaient la tasse, et tout ceci dans un joyeux charivari de cris masculins et de rires féminins. Serena sourit devant ce spectacle d’hommes nus, et ne put s’empêcher de ressentir un émoi certain à la vue de tous ces corps mouillés en action, de ces culs luisants et ruisselants, de ces sexes de toutes tailles voltigeant au gré des mouvements de leurs propriétaires dans un grand désordre.

Son sourire s’accentua lorsqu’elle aperçut deux femmes d’un certain âge, manifestement amies, goûtant ce spectacle en riant à gorges déployées, leurs mains droites coincées entre leurs cuisses pour prendre le plus grand plaisir possible devant cette scène. Serena se dit que les inhibitions, dont étaient responsables les hommes dans la plupart des sociétés, avaient heureusement complètement disparues à Donella, et il ne serait venu à l’idée de personne de s’offusquer que ces deux femmes, même âgées, prennent leur plaisir ainsi.

Serena entra dans le Centre d’Education. Le bâtiment était clair, aéré, agréable. La directrice, avertie de l’arrivée de Serena, se précipita à sa rencontre.

- Bonjour Serena. Comment vas-tu ?

- Très bien Alcya. Et tes pensionnaires, quoi de neuf ? –

- A toi de juger. Tu viens d’ailleurs pour ça, et je suis sûre que nous te réservons des surprises depuis ta dernière visite, il y a un an. Viens avec moi, nous allons voir les différentes promotions.

Le Centre d’Education pour adolescent recevait des jeunes gens de seize à dix-huit ans. Ils avaient déjà bénéficié, dans des cours spéciaux, d’une éducation et d’une culture générale minimales. Quelques notions de lecture et d’écriture, mais surtout les principes d’obéissance, de respect et de soumission dus aux femmes. Ces deux années leur permettaient de perfectionner leur résistance, de renforcer leur soumission grâce à des épreuves de plus en plus relevées, et d’apprendre certaines techniques telles que la couture, la cuisine ou l’entretien d’une maison. Leurs loisirs étaient organisés. Ils pratiquaient la musculation, la danse, le canevas. : Serena voulut commencer par. la promotion d’initiation. C’était la classe des dix-huit ans, ceux qui connaissaient leurs premiers contacts avec les femmes en dehors du milieu protégé du Centre.

Alcya l’y conduisit. Les deux femmes entrèrent dans une grande salle commune. Une trentaine de jeunes garçons, absolument nus, sous la conduite de formatrices, s’affairaient au sein de petits groupes aux apprentissages d’esthétique. Il convenait qu’ils sachent limer les ongles d’une femme et les vernir ou bien brosser une chevelure sans tirer les cheveux outre mesure, ainsi que tous les autres services inhérents au domestique bien formé. Serena observait un jeune éphèbe blond tentant de vernir les orteils de sa formatrice sous le regard de ses camarades. Il s’appliquait, manifestement désireux de bien faire. Malheureusement, peut- être troublé par la présence de Serena et de la directrice, il trembla légèrement, et le vernis sortit des limites de l’ongle. En un éclair la formatrice le renversa en arrière, les quatre fers en l’air. Le garçon de dépêcha de ramasser son matériel.

- C’est la deuxième fois que tu fais cette bêtise! Crois-tu que ta maîtresse acceptera quel- qu’un de si maladroit? Allez, file au cachot. Trois jours de pénitence.

Alors que, piteusement, il allait partir, la formatrice lui asséna une formidable claque sur les fesses qui lui fit perdre une fois de plus le petit matériel qu’il venait de ramasser.

- Je vois qu’on ne faiblit pas en ce qui concerne la discipline, dit Serena admirative. 

- Non, il n’en est absolument pas question, répondit fièrement Alcya. Nous savons combien il est important de bien effectuer notre mission si nous voulons que Donella continue dans la paix et la prospérité. Je suis intraitable, tout comme mes formatrices sur le chapitre de la discipline. 

Les deux femmes longeaient à présent un couloir qui les menèrent à l’infirmerie. Un jeune garçon était allongé sur le lit réservé aux malades. Il avait les yeux rouges, et paraissait terrifié.

- Bonjour Madame la directrice, bonjour Serena.

- Bonjour Priscilla. Que fait ici ce jeune homme ? 

L’infirmière sourit de toutes ses dents. Elle alla auprès du malade et souleva le drap qui le recouvrait.

- Notre ami a connu hier soir sa première expérience sexuelle avec une novice. La demoiselle y est allée un peu fort ! Elle s’est d’ailleurs fait réprimander par sa mère. Pensez, elle l’a fait éjaculer dix fois dans la nuit ! Et les trois dernières fois, par une traite !

Le pauvre garçon avait, sur ses parties génitales, une poche de glace que l’infirmière ôta.

- Regardez. Elle a failli nous le rendre impropre à la consommation, plaisanta-t-elle, il en aura pour trois mois au moins à s’en remettre.

La verge du jeune homme était de couleur rose uniforme mais surtout ses couilles semblaient avoir été passée à la râpe. Les femmes, surprises par le tableau, ne purent réprimer un petit rire. Mais Serena se reprit rapidement. 

- Non, ce n’est pas bien. C’est vrai que pour une première fois, ce n’est pas très grave, mais il ne faudrait pas que cela devienne une habitude. Il faudrait apprendre à nos jeunes filles à modérer un peu leurs ardeurs. Et de plus, ce n’est sans doute pas la meilleure façon de mâter un homme. Je crois qu’il faut insister sur ce point auprès de cette jeune fille.

- Ne t’inquiète pas Serena, ce sera fait, reprit la Directrice. Mais il va vite s’en remettre !

Effectivement, l’infirmière venait de s’asseoir sur le lit et, ayant largement dégrafé sa blouse, mit à nu une superbe poitrine plantureuse, deux seins magnifiques aux larges aréoles roses. Saisissant en un geste maternel la tête du garçon, elle enfouit son visage entre ses deux superbes mamelles afin qu’il respire son odeur de Femme, et le tint ainsi serré dans sa chaleur. Serena remarqua que le traitement était efficace. Le jeune homme se détendit, le corps s’apaisa. Elle vit même se redresser légèrement l’organe viril.

- Elle va le cajoler ainsi pendant un bon moment, alternant les phases de câlinerie et des phases d’étouffement, dit Alcya. Cela permet de montrer à l’homme à la fois son besoin de tendresse féminine, de prouver sa dépendance, en même temps qu’il mesure son état d’infériorité. C’est elle qui lui donne la vie, c’est elle aussi qui la maintient et peut l’ôter.

- Le message est clair ! répondit Serena.

Juste à cet instant, elle vit le corps du mâle se raidir, les jambes s’agiter en tous sens. Prisonnier entre les volumineux seins de sa bienfaitrice, il perdait l’air. Pourtant la verge se tendait et grossissait de plus en plus. Des râles sortaient d’entre les globes lourds de l’infirmière dont le visage reflétait le plaisir.

- Vraiment très très clair ! reprit Serena en riant. Allons inspecter un peu ce cachot où l’on a envoyé ce pauvre garçon tout à l’heure.

Avant de quitter la pièce, Serena jeta un dernier regard sur le touchant tableau formé par cette infirmière maternante tenant entre ses seins ce pauvre garçon désormais apaisé à qui elle caressait tendrement les cheveux et les épaules.

- Cachot est devenu une appellation un peu rude. Disons que c’est une sorte de salle de rééducation. Je suis d’accord avec ta politique de non-violence absolue, Serena, mais nous devons, de temps à autre, mater et punir. Sinon, ce serait vite l’anarchie.

- Je crois à la non-violence, reprit Serena. Mais je suis bien consciente des enjeux. Il en va de l’équilibre de notre communauté. Tout l’art est de châtier sans violences inutiles. Il faut amener l’homme à accepter totalement sa punition. Il ne doit pas seulement recevoir le châtiment. Il doit en être partie prenante. L’idéal serait qu’en cas de faute, il s’inflige lui-même la punition. Mais je crois qu’il ne faut pas trop rêver.

- Tu ne crois pas si bien dire. Je crois que nous approchons de cet idéal. D’ailleurs, tu vas pouvoir en juger par toi-même...

Tout en discutant, les deux femmes descendaient un grand escalier de pierre qui les conduisit au sous-sol. Là, le spectacle qui s’offrit aux yeux de Serena la laissa muette.

- Tu vois que les choses ont bien changé depuis ta dernière visite, dit fièrement Alcya. Nous avons remis en place un nouveau projet et des installations plus agréables.

Serena se souvenait que, lors de sa dernière inspection annuelle, le cachot était constitué de plusieurs cellules plus ou moins insalubres où les jeunes gens punis purgeaient leurs peines. Deux ou trois geôlières, grosses matrones habillées de cuir, les sortaient de temps à autre pour leur chauffer les fesses à coups de fouet. Serena s’était élevée contre cette discipline trop dure et non pédagogique, mais le résultat qu’elle contemplait en ce moment allait bien au-delà de toutes ses espérances.

La salle était complètement aménagée. Des tentures rouges pendaient du plafond. Des statues de marbre, des tapis, des plantes décoraient cette immense pièce, lui conférant un caractère d’intimité que rehaussait encore l’éclairage diffus qui tombait de petites lucarnes mais qui provenait aussi de nombreuses torches fixées au mur. Sur des banquettes recouvertes de tissu précieux et disposées ça et là dans la pièce, étaient allongées quelques femmes qu’entourait un essaim de jeunes hommes qui paraissaient très occupés, emplissant leurs verres, les éventant à l’aide de grandes palmes, portant des plateaux chargés de fruits divers. A gauche, une femme, lascivement allongée, tenait par le cou deux esclaves, allongés à ses côtés, et les embrassait alternativement l’un après l’autre.

Ceux-ci étaient nus (et en érection remarqua aussitôt Serena), alors que tous les autres serviteurs portaient l’habituel cache-sexe de cuir noir réglementaire. La lumière donnait aux corps de tous ces hommes affairés, une superbe couleur dorée.

Au centre, se tenait le jeune éphèbe qui s’était vu sanctionné devant Serena. Il avait les mains liée à une corde qui descendait du plafond et qui l’obligeait à se maintenir dans une position inconfortable, debout sur la pointe des pieds. Il était l’objet de l’attention de toutes les femmes allongées, et de ceux des garçons qui n’était pas trop occupés par leurs tâches respectives.

Alcya se pencha vers Serena.

- Alors, que penses-tu de nos transformations ? 

Serena était suffoquée que son rapport de la précédente inspection ait été suivi d’un tel changement.

- C’est extraordinaire! dit-elle, admirative. Mais comment cela se passe-t-il ? Quelle sont les règles ?  

- Eh bien, comme tu le vois, cette endroit sert de pièce de repos à nos formatrices. Les mâles, que tu vois ici, ont été punis. Ils sont là depuis deux à dix jours, selon la sentence. Ils doivent donc servir du mieux possible les femmes présentes. Quand ils s’en tirent bien, ils peuvent voir leurs peines adoucies. C’est le cas des deux garçons que tu aperçois en train de se faire cajoler sur la banquette là-bas. Ainsi, ils s’en donnent au maximum, et ne rechignent pas au travail.

- Et le bel étalon au centre

- Il vient d’arriver, comme tu le sais puisque tu as vu quelle bêtise l’a conduit ici. Il est en train de subir une immobilisation. Ensuite regarde plutôt.

A ce moment précis, une matrone entra. Elle était terrifiante, habillée d’une robe de cuir à lacets qui moulait ses formes abondantes. Sa poitrine comprimée semblait prête à faire éclater le laçage complexe qui fermait son corsage. Elle s’approcha du blondinet, lui passa un cordon à la base des testicules, le serra fermement puis entoura le pénis, et mit les deux extrémités dans la bouche de la victime. Elle s’assura de la cohésion de l’ensemble en tirant le lacet, ce qui eut pour effet de secouer la verge du garçon grimaçant dans tous les sens. Cela lui parût être du plus bel effet, et sembla la satisfaire à en juger par son sourire.

Puis, sur ordre d’une des formatrices, un esclave s’approcha avec une petite tapette et commença à claquer les bourses du malheureux en comptant tout haut jusqu’à vingt. Une fois sa besogne achevée, il revint vers sa formatrice qui le flatta sur la croupe, et lui permit de s’agenouiller à ses pieds.

- Tu peux constater, dit Alcya, que le mâle subit une punition donnée par un autre mâle. Or, la victime sait que sa récompense sera d’administrer bientôt une même punition à un de ses condisciples. Par cette méthode, les hommes plaisent à la maîtresse dont ils exécutent les 1ordres ce qui a pour effet de regonfler un peu leur orgueil sur des bases saines. Ils sont, en agissant ainsi, en quelque sorte les exécutants de la volonté féminine; et cela leur donne une image positive d’eux-mêmes. En même temps, ils se défoulent en se vengeant sur leurs congénères. Mais, si par malheur, l’un d’eux semblait ne pas mettre suffisamment de cœur à l’ouvrage, c’est celui qu’il était sensé punir qui lui donnera le double de la peine. Tu comprends pourquoi ils ne se relâchent pas. Ces punitions forgent plus le caractère que celles que nous appliquions avant, sans y faire participer la gent masculine. Ainsi, ils se sentent totalement concernés par les décisions que nous prenons à leurs propos.

Alcya et Serena s’avançaient en discutant. Serena s’approcha de l’homme blond qui venait de subir la sentence. Elle caressait à présent le torse viril et sa main descendait sur le ventre. Elle effleurait la peau de l’homme, qui frissonnait et se tortillait, sans doute de plaisir à en juger par les légers spasmes qui gonflaient sa verge et ses bourses endolories.

- C’est exactement ce que je réclamais dans mon rapport, dit Serena en continuant à caresser doucement le jeune homme qui geignait faiblement à présent, une punition doit être avant tout pédagogique. Frapper les esprits avant de frapper les fesses, telle est ma devise. Elle doit servir d’exemple, et générer l’émulation parmi les troupes. J’approuve ta stratégie, Alcya. Je crois que nous nous approchons de plus en plus de la perfection dans nos méthodes d’éducation des mâles de la Cité.

Serena continuait à caresser le jeune homme blond. Dans une dernière secousse de tout son corps, celui-ci éjacula, à la surprise des deux femmes. Les jets saccadés de sperme décrivaient une courbe gracieuse dans l’espace avant de retomber sur le sol. Cette jouissance semblait ne jamais devoir s’arrêter. Serena et la Directrice, revenues de leur premier mouvement de surprise, éclatèrent de rire, suivies par l’ensemble des formatrices. La verge du pénitent retombait déjà, comme épuisée par cet effort, laissant s’échapper les dernières gouttes blanches de sperme. L’homme se tortillait et râlait. Déjà un esclave zélé se précipitait avec une serpillière pour nettoyer cette inconvenance.

- Je fais de la douceur féminine une telle obsession que je vais parfois trop loin sans même m’en rendre compte, dit Serena dans un rire.

- Je me demande parfois si tes « douceurs » ne sont pas pires que nos punitions plaisanta Alcya.

- A en juger par l’attitude de ce beau jeune homme, je crois que tu dois avoir raison, répondit, sur le même ton, Serena.

Le beau jeune homme en question se tenait toujours sur la pointe des pieds, la tête rejetée en arrière, les yeux dans le vague, se balançant doucement de droite à gauche dans les limites autorisées par son ligotage, et semblait récupérer lentement.

Serena prit congé d’Alcya, heureuse de voir l’évolution du centre, et décida de rentrer chez elle.

Etait-ce la douceur de ce printemps, signe de renouveau. Toujours est-il qu’elle sentait, au creux de son ventre, monter de plus en plus nettement un furieux désir sexuel, désir sans doute attisé par les moments qu’elle venait de vivre. En chemin, elle repensait à Maxime, son esclave noir, et évoquait son corps. Elle imaginait les fesses particulièrement charnues ainsi que d’autres parties de l’anatomie de l’homme. La vision de la salle de rééducation et son caractère orgiaque l’avaient décidément très profondément troublée.

Elle arriva chez elle, et, en entrant dans la maison, elle savait ce qu’elle voulait. Elle laissa tomber à terre sa toge, devant Maxime qui s’empressa de la ramasser.

- Va chercher tes deux amis, et rejoins-moi dans ma chambre. Helena n’est pas encore rentrée de l’école ?

- Non Maîtresse.

- Très bien. Nous avons donc un peu de temps. Dépêche-toi de faire ce que je t’ai demandé.

Serena alla dans sa chambre, et s’allongea sur son lit. Oui, c’était désormais certain, elle désirait un enfant de ce grand gaillard noir. Celui-ci entra à ce moment précis, suivi de Donatien et d’Hadrien, les trois hommes marchant respectueusement l’un derrière l’autre, regard baissé pour ne pas offenser la maîtresse dans sa nudité.

Serena ordonna aux trois hommes d’enlever leurs cache-sexe et, malicieusement, attira Maxime sur sa couche, plaçant la tête de l’esclave entre ses cuisses. Aussitôt, elle sentit la langue de l’homme fouiller son intimité, la caresser et l’emplir de plaisir. Les deux autres domestiques avaient compris, devant l’attitude de leur maîtresse, quels seraient leurs rôles Se plaçant debout, de part et d’autre du lit, le sexe érigé, ils ventilaient le couple des amants à l’aide de grands éventails en paille. Serena aimait sentir, lorsqu’elle faisait l’amour, le regard de ces deux hommes excités et pleins d’un désir inassouvi. Pendant que Maxime continuait à embrasser son sexe, Serena regardait les queues dressées de ses deux esclaves blancs en goûtant au bonheur de sa suprématie.

Bientôt, elle se redressa, et, enfourchant Maxime, s’empala sur la verge noire, pour jouir à plusieurs reprises. Elle savait que son combat pour construire une société féminine était une réussite. Elle voulait un enfant, elle l’aurait de ce grand esclave noir.

Elle voulait une métisse, car elle savait qu’après la victoire de la féminité, il lui fallait gagner son prochain combat, celui de LA SOCIETE FEMININE METISSEE.

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